La rentrée est là, et avec elle une nouvelle occasion de prendre soin de nos chevaux de manière éclairée. Si vous avez toujours entendu dire que la biotine (ou vitamine B8) était uniquement utile pour la pousse des sabots et la brillance du poil… cet article est pour vous !

Et si la biotine était bien plus qu’un simple "boost" pour les pieds ? Plongeons ensemble dans le vrai rôle de cette vitamine essentielle et voyons ce que dit la science sur les besoins du cheval.


Qu’est-ce que la biotine exactement ?

La biotine, ou vitamine B8, fait partie du groupe des vitamines B, connues pour leur rôle clé dans de nombreuses réactions enzymatiques et métaboliques. Elle est ce qu’on appelle un co-facteur enzymatique, c’est-à-dire un petit maillon indispensable au bon fonctionnement d’enzymes majeures.

Chez le cheval, comme chez d’autres espèces, elle peut être :

• Apportée par l’alimentation

• Produite naturellement dans le gros intestin par les bactéries (source endogène)

C’est donc une vitamine essentielle, mais dont la carence est relativement rare chez les chevaux en bonne santé… sauf dans certains contextes particuliers, comme nous allons le voir.



Les rôles de la biotine dans l’organisme

Bien plus qu’un ingrédient beauté pour les sabots, la biotine est centrale dans de nombreux processus métaboliques :

• Synthèse des acides gras

• Gluconéogenèse (production de glucose)

• Métabolisme des acides aminés

• Expression génétique

• Croissance cellulaire

Elle agit via 4 enzymes appelées carboxylases, indispensables à l’équilibre énergétique et à la bonne santé globale du cheval.

Oui, vous avez bien lu : la biotine touche à tout — du métabolisme des graisses à l’expression de vos gènes !



Où trouver naturellement la biotine ?

Il existe 8 isomères de la biotine, mais seule la D-biotine est biologiquement active. C’est celle que vous retrouvez :

• Dans les aliments (ex. luzerne, avoine, levure de bière, banane…)

• Dans certains compléments alimentaires

• Synthétisée par l’intestin du cheval

Les aliments naturellement riches en biotine :

• Luzerne : jusqu’à 0,49 mg/kg de matière sèche

• Avoine : 0,13 à 0,17 mg/kg

• Levure de bière, banane, légumineuses (pois chiches…)

À noter : la biodisponibilité (capacité d’absorption) de la biotine naturelle est proche de 100% chez plusieurs espèces animales. Ce qui fait des aliments naturels une source précieuse et efficace.



La production de biotine par le cheval lui-même

L’un des aspects fascinants de la biotine est sa production endogène : grâce aux microbes présents dans le côlon (gros intestin), le cheval peut produire lui-même cette vitamine vitale.

Des études ont montré que des chevaux sans apport alimentaire de biotine affichaient des taux élevés dans le côlon, preuve que leur microbiote joue parfaitement son rôle !



Les besoins du cheval en biotine : ce que dit la science

Voici la partie qui soulève souvent le plus de questions. Ce qu’il faut savoir :

• Aucune toxicité connue chez le cheval

• Carences possibles en cas d’augmentation des besoins (croissance, gestation, activité sportive, problèmes de pieds)

•  Pas de recommandations officielles établies dans les manuels de nutrition équine

Les études disponibles :

• Des essais scientifiques ont montré qu’une supplémentation de 20 mg/jour pendant 9 mois améliorait l’intégrité du sabot, sans pour autant accélérer la pousse.

• Des retours d’expérience sur le terrain (non scientifiques) évoquent des résultats similaires avec des doses entre 10 et 30 mg/jour sur 6 à 9 mois.

En l'absence de consensus scientifique, ces données sont à prendre avec prudence. Il est essentiel de ne pas tirer de conclusions générales à partir d’études limitées ou d’essais terrain non contrôlés.



Synthétique ou naturelle : quelle forme de biotine choisir ?

La forme D-biotine peut être :

• Naturelle (issue d’ingrédients bruts comme le pois chiche ou la banane)

• Synthétique (produite chimiquement et ajoutée sous forme d’additif)

Assimilation :

• Formes naturelles : 80 à 100 % assimilables

• Formes synthétiques : 40 à 50 % (voire moins !)

Sur les étiquettes, quand vous voyez des doses très élevées, cela indique souvent une forme synthétique, moins bien assimilée.

Par exemple, si vous voulez que votre cheval absorbe 10 mg de biotine par jour, il faudra en fournir 25 mg sous forme synthétique (si son assimilation est à 40 %).



Ce qu’il faut retenir

Voici les 4 points clés à garder en tête :

1. La biotine est indispensable au bon fonctionnement global de l’organisme, pas seulement à la pousse des sabots.

2. Elle peut être apportée par l’alimentation ou produite dans l’intestin.

3. Seule la D-biotine est biologiquement active.

4. Aucune recommandation officielle n’existe à ce jour sur les besoins journaliers, mais une supplémentation ciblée peut être utile chez les chevaux à problèmes de corne persistants.
   
   
   
   

La biotine mérite toute notre attention, pas comme un simple complément « beauté », mais comme un élément vital du métabolisme équin. En comprenant mieux ses rôles, ses sources et sa bonne utilisation, vous pourrez faire des choix plus éclairés pour la santé de votre cheval.

Et si vous voulez en savoir plus sur la biotine, je ne peux que vous conseillez d'écouter l'épisode de mon Podcast dédié à la nutrition équine !